J’ai choisi cette lucarne pour crier au ciel tout mon désarroi, toute ma tristesse, toute mon amertume.

J’ai bientôt 38 ans et je n’ai pas d’emploi stable, aucune source de revenue conséquente et pourtant je suis l’homme de la maison, je l’ai toujours été.

Mon père a été toujours absent, me laissant ma mère et mes 3 sœurs nous démerder. Il assurait juste le loyer de ces deux-pièces que nous louons dans un quartier mal famé à Abidjan.

Cette femme, ma mère a toujours tout fait pour essayer de nous assurer à mes sœurs et à moi de quoi manger, et surtout les moyens minimums pour qu’on puisse faire des études. Femme de ménage les matins et vendeuse de poissons braisés les soirs, elle ne ménageait aucun effort pour nous.

Alors j’ai travaillé très dur à l’école pour pouvoir avoir au moins un diplôme qui me permettra d’avoir un travail. J’ai alors obtenu mon BTS à 23 ans. Je n’ai pas pu faire le cycle ingénieur faute de moyen, j’ai commencé alors à rechercher un travail, mais figurez-vous que chaque fois la déception était au rendez-vous.

J’ai eu à déposer mes dossiers partout, j’ai passé tous les concours administratifs et militaire, mais rien n’est ressorti de toutes ces démarches. Je sentais ma mère de plus en plus déprimé, plus le temps passait, plus elle avait du mal à accomplir les tâches qu’elle faisait si facilement avant. Alors j’ai créé une cabine dans le quartier avec l’argent de commerce de ma mère mais cela rapportait peu.

Cela fait maintenant 15 ans, depuis que j’ai obtenu mon BTS que le monde du travail ne s’ouvre pas à moi, j’ai essayé la zone industrielle, mais tout ce que je touchais je le dépensais aussitôt en médicament

Mais aujourd’hui où je me confie à vous cher internaute, j’ai plus goût à rien, je me sens comme une loque. Ma mère s’en est allé cela fait plus de 3 mois. Il m’a fallu du temps pour oser franchir le seuil de la maison. Elle s’est battu toute sa vie sans répit et n’a jamais eu gain de cause. Je pensais après avoir eu mon diplôme la rendre fière de moi en m’occupant d’elle mais je n’ai pas pu la rendre heureuse. Elle a rendu l’âme dans l’infirmerie du quartier tard dans la nuit. Je n’ai rien pu fait faute de moyen de transport et d’argent. Depuis un certain temps elle se plaignait d’être tout temps fatiguée, de vertige et avait des difficultés à s’alimenter correctement. Nous avons fait une première visite au CHU où on lui avait remis des médicaments, on en payé certains et d’autres pas. Le reste du temps où elle ne se sentait pas bien, elle a pris des médicaments aux abords des routes. Et une nuit vers 3 heures du matin, elle a piqué une crise, il n’y avait aucun véhicule pour la conduire au CHU, dans la panique je l’ai envoyé au dispensaire du quartier, à peine 30 mn après notre arrivé elle a rendu l’âme.

Je m’étais toujours promis quand je la voyais courir dans tous les sens de la rendre un jour heureux, et cette promesse, je ne pourrai jamais l’accomplir.

Je n’ai plus de force pour la suite, mes sœurs, je ne sais comment les prendre en charge. Ma douleur est tellement profonde, j’espère qu’un jour je pourrai la rendre heureuse là où elle se trouve car même si tout semble si difficile je ferai tout pour m’en sortir. Certes aujourd’hui, à 38 ans faute de moyen je suis sans femme et enfant mais je sais que si je continue à persévérer en ne comptant que sur mon courage et mon travail, DIEU me viendra en aide.

Pour l’heure l’avenir pour moi est plus qu’incertains